Le clair de lune scintillait sur la surface de la route. Je conduisais depuis des heures, mais j’avais l’impression d’être encore en ville. Ma vieille voiture filait à un rythme effréné.

Au bout de quelques heures je m’engageai sur une route départementale et ne tardais pas à voir un château se profiler devant moi.

Il ressemblait au château de Puymartin, que j’avais vu dans des films et sur de vieilles photos. Il n’y avait aucun autre signe de civilisation autour de moi, alors j’ai pensé que je devais être au bon endroit. Enfin… façon de parler…

M’engageant dans l’allée, je garai ma voiture sur l’une des nombreuses places vides qui la bordaient. A cette heure là, vous imaginez bien qu’il n’y avait personne d’autre, juste ma voiture garée là devant cet énorme château et moi, comme hypnotisé par l’aspect imposant de cette auguste demeure. Sans vraiment savoir ce que je faisais, je marchai jusqu’à l’entrée avant de pousser une lourde porte en fer, avec d’épais panneaux de bois de chaque côté. Ils étaient peints en blanc avec des poignées dorées en forme de fleurs épanouies à leur sommet ; Comme une vague madeleine de Proust, me revint alors une phrase de ma grand-mère  : “Quand tu vois une fleur dans ton rêve, cela signifie que tu vas bientôt rencontrer quelqu’un qui changera ta vie pour toujours.” Il n’y avait personne. L’atmosphère des lieux me mettait mal à l’aise. J’ai filai donc vers ma vieille Volvo et dare, dare, fis démarrer le moteur.

C’était une chaude nuit de pleine lune avec comme suspendu dans l’air un délicat parfum de fleurs, entêtant. Peut-être un signe ? La route était sombre et sinueuse. Je roulais le long de la route quand j’aperçus au loin, une forme blanche, spectrale. En m’approchant, je devinais que c’était une femme habillée tout en blanc, debout au sommet d’un vieux mur de pierre qui longeait la route.

Comme happé par cette apparition, je ralentis. Me voyant approcher, elle leva la main et me fit signe. Le coeur battant, je baissai ma vitre et criais, sans savoir pourquoi : “Bonsoir ! Qui êtes-vous ?”

Elle ne me répondit pas tout de suite ; au contraire, elle resta là, à me fixer de ses grands yeux qui brillaient au clair de lune. Puis elle finit par murmurer : “Quand vous repasserez devant cet endroit demain soir, arrêtez-vous pour moi.” Je voulus lui demander pourquoi… pourquoi elle souhaitait que je m’arrête, mais n’en eus pas le courage.

Une légende raconte que la Dame Blanche du château de Puymartin apparaît par une nuit de pleine lune, lorsqu’un voyageur isolé traverse en voiture la forêt, à proximité du château.

La plupart des gens pensent qu’elle essaie de les mettre en garde contre quelque chose – ou peut-être même de les sauver de leur propre destin.

Quelle que soit la vérité, mieux vaut ne pas tenter le destin, la nuit, sur la route de Puymartin !