Le monde saura se taire, bientôt

 

Aube naissante. Le monde s’éveille à sa fin. Le soleil, pâle et distant, se lève avec réticence sur la terre qui s’éteint. Une tristesse dans sa lumière, un adieu silencieux.

Les bêtes, épuisées, gisent sur le sol stérile. Leurs yeux, emplis d’une inquiétude muette, scrutent le ciel obscurci. Elles sentent la perte, la finitude de tout, sans pouvoir la nommer. Leur monde, autrefois un théâtre de vie et de bruits, se dissout dans un silence lourd.

Ce vent, qui tourbillonne avec une violence sourde, transporte des échos de paroles déformées. Des murmures d’un passé révolu, les plaintes d’êtres disparus. Tout semble être aspiré dans un tourbillon d’oubli.

Il y a quelque chose de si profondément déchirant. Une mélancolie se déploie dans l’air, pénétrante et omniprésente. Chant du cygne d’un monde en perdition, élégie murmurée à l’aube d’une ère nouvelle.

Le silence, son voile, recouvre tout. Il n’est plus le précurseur du jour mais le témoin de la fin.

Dans ce paysage où tout s’efface, où chaque chose perd son sens, un observateur se tient immobile, contemplant ce tableau funeste. Il est le dernier gardien d’une mémoire qui s’effrite, le dernier à entendre le souffle d’une terre qui se rend.

Le soleil, maintenant plus haut dans le ciel, jette un regard fatigué sur ce monde agonisant. Il sait que son éclat ne suffira pas à raviver ce qui a été perdu. Et dans cette acceptation silencieuse, tout se tait, tout s’achève.

 

Jean-Marc Blancherie