Un texte inspiré du livre
L’état de naissance, la nudité.
Je suis né nu. C’est dans cette vérité que je vis. C’est dans cette vérité que j’étais. Nu. Toujours. Dans la continuité du temps, depuis le ventre maternel jusqu’à l’infini de l’espace autour de moi.
La nudité du corps, mon corps, j’y reviens toujours. C’est une maison que l’on quitte mais où l’on revient toujours. Elle est là, immuable, simple, sans déguisement. Je l’aime. Elle est la seule certitude, la seule constance dans le changement perpétuel de tout ce qui est vivant.
Le naturisme, oui. Une nudité naturelle, une vérité sans parure. C’est la nudité sans le sexe, sans l’érotisme. C’est la nudité dénuée de tout, sauf d’elle-même. Une acceptation. Un bien-être.
Nous, les naturistes, nous regardons et nous voyons. Sans rire, sans juger. Les corps gros, minces, jeunes, vieux, tous différents, tous beaux dans leur vérité de chair. C’est une communion, une compréhension silencieuse que les mots ne font qu’effleurer.
La nudité, ma nudité, est à moi. Elle n’appartient pas aux chambres, pas aux regards étrangers, pas aux interstices du désir des autres. Elle est publique dans son sanctuaire naturiste et privée partout ailleurs.
Les arbres, les ombres dans la forêt, l’eau sur la peau – cela est naturisme. Cela est la liberté, mais une liberté attentive. Une liberté qui connaît ses limites, qui respecte le monde autour, qui sait quand se montrer et quand s’éclipser.
La nudité naturiste n’est ni une provocation ni une performance. Elle est l’être dans son état le plus pur. Un acte de présence au monde, une déclaration d’acceptation. Ce n’est pas le corps qui est beau, c’est la nudité elle-même, la vérité de ce qui est révélé.
C’est cela, le naturisme. La beauté de la nudité. Une vérité qui ne vieillit pas.
Il y avait cette statue, le Badaud de Sarlat. Il se tenait là, immobile, sur la place de la Liberté. Il regardait. Il voyait passer les gens, les saisons, les pigeons qui s’envolaient et ceux qui revenaient. Il connaissait les heures chaudes et les vents frais, les murmures des amoureux et les pas pressés des marchands.
Un soir, alors que la lune était pleine et que le silence enveloppait la ville, quelque chose se produisit. Une chose étrange, une de ces choses dont on ne parle que dans le souffle des légendes anciennes.
Le Badaud bougea.
D’abord, ce fut juste un frémissement, un tremblement dans ses doigts de pierre. Puis, ses bras et ses jambes. La pierre se fit chair. Et il descendit de son socle.
Nu, il marcha. Nu, car la pierre n’avait pas de vêtements et la chair n’en demandait pas. Il traversa la ville endormie, chaque pas un écho dans les ruelles désertes, chaque souffle une découverte.
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