Rencontre et guidage
Dans les douces contrées des Bastides Dordogne-Périgord, je fus charmée par la découverte de l’office de tourisme, dont l’accueil bienveillant et les conseils avisés m’ont comblée. Alors que je parcourais cette terre d’histoire et de mystère, mon cœur fut épris d’admiration pour ces gardiens du savoir local qui, loin de demeurer confinés dans leurs bureaux, se sont lancés dans une aventure unique.
C’est ainsi que, cet été, j’eus la chance de croiser leur camion aménagé, un véritable office de tourisme ambulant qui sillonnait les routes avec détermination. Quel enchantement de le retrouver lors des marchés pittoresques de Trémolat et du Buisson, ou encore dans l’effervescence chaleureuse des marchés nocturnes de Saint-Avit-Sénieur ! Toujours présents pour offrir leur expertise éclairée, les conseillers m’ont accueillie avec une bienveillance sincère, faisant de ce véhicule une véritable oasis d’informations. Grâce à cette initiative ingénieuse, j’ai pu combler mes envies de découverte en toute quiétude, parcourant les sentiers secrets des Bastides avec assurance. Ce camion bienvenu est venu jouer son rôle de maillon essentiel du maillage touristique. Au-delà des frontières terrestres, le camion de l’office de tourisme s’envolait, si je peux dire, jusqu’à l’aéroport de Bergerac, accueillant chaleureusement les arrivants et les rassurant quant à leur séjour dans cette belle contrée
L’office de tourisme a à cœur de partager avec les voyageurs les richesses du terroir. Ainsi, des dégustations avec des producteurs partenaires seront organisées.
Mon voyage fût une parenthèse enchantée, éveillant en moi l’envie de revenir et de poursuivre ce périple éclairé et serein.
La rencontre d’un touriste et du patois. Oui, toi !
En tant qu’expatrié, je fus émerveillé par la découverte des expressions et du parler authentique des gens de cette contrée enchantée. Qui étaient donc ces mystérieux “Périgourdins”, dont la fierté pour leur patois empreint de singularité illuminait leurs conversations ? Je fus comblé par cette plongée dans le “parler local”, une véritable immersion dans une langue aussi pittoresque que chaleureuse.
Lors d’un repas entre voisins, je fus surpris de voir mon compagnon de table verser un peu de vin rouge dans son assiette de soupe avant de me lancer avec un sourire complice : « Tu fais Chabrol ? ». Cet acte courant consistant à mêler vin et soupe pour en savourer les saveurs fut pour moi une découverte amusante. Mon voisin, quant à lui, en faisait un rituel quotidien et authentique, deux fois par jour, tout au long de l’année !
Au détour d’une sortie d’école, j’eus le plaisir d’entendre résonner une panoplie de mots rigolos désignant les enfants. “Drôle, drôlesse, drôlette” pour les plus petits, et “gouya” ou “gouyassou” pour les plus grands, ces termes familiers étaient si répandus qu’un parc de loisirs d’intérieur, malicieux et inspiré, s’était baptisé “Les Gouyatsous” pour célébrer avec tendresse l’âme locale. La radio ne manqua pas de surprendre mes oreilles averties avec cette expression à l’accent roulant les “r”, « Meitat chen, meitat pòrc », annonçant une émission dominicale en occitan. Cette expression, autrefois utilisée pour évoquer les habitants du Périgord réputés pour localiser une truffe sans l’aide d’un chien (“chen”) ou d’une truie (“pòrc”), tintilla de façon insistante dans mon esprit. Et que dire de l’expression « Casser trois pattes à un canard », dont l’origine géographique reste mystérieuse, mais dont l’écho se fondait parfaitement dans cette terre où le canard règne en pilier de la gastronomie ? Cette expression, fréquemment entendue, signifiait avec une touche d’humour que certaines histoires n’avaient rien d’extraordinaire ou d’impressionnant.
Le patois Périgourdin se révéla être un trésor riche et cocasse, parsemé de mots familiers aux sonorités chaleureuses. Entre “bafaille”, “bouyricou”, “cagna”, “cantou”, “careyrou”, “millas”, “panouille”, “pèguer”, “peyrol”, “rapiette”, “ronquer” et “roumer”, chaque mot était une invitation à l’évasion et à la découverte d’une culture ancrée dans l’identité locale. Je me pris à côtoyer les locaux avec une joie renouvelée, partageant avec eux ces expressions, ces anecdotes et ces récits amusants qui leur étaient si chers. Le patois Périgourdin, loin d’être un simple langage, devint un pont entre les cœurs, un lien précieux avec l’âme authentique de cette région exceptionnelle. Et je m’engageais avec enthousiasme à perpétuer cet héritage, à en explorer les subtilités et à m’enrichir de ces trésors linguistiques pour les transmettre à mon tour, avec admiration et respect, à ceux qui désireraient connaître les secrets de ce parler local si attachant.
Quelques unes de mes découvertes
l’Abbaye de Cadouin
On raconte de belles légendes, qui ne sont pas seulement des légendes, car elles deviennent des pélerinages, des attractions, un imaginaire partagé…. que le Suaire du Christ aurait été rapporté de Terre Sainte par le comte de Toulouse, Raymond VII, et qu’à partir de ce moment, l’abbaye devint un haut lieu de pèlerinage sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle. Cette précieuse relique attira de nombreux pèlerins et généreux donateurs, contribuant ainsi à l’essor et au rayonnement de l’abbaye tout au long des XIIème et XIIIème siècles. Cependant, la vie de l’Abbaye fut ponctuée de périodes mouvementées, marquées par les vicissitudes des guerres, qui fragilisèrent à maintes reprises la communauté monastique et les édifices religieux. Durant la guerre de Cent Ans en 1392, le Saint Suaire fut mis en sécurité à Toulouse, pour être finalement restitué au milieu du XVème siècle. Malgré les épreuves, l’abbaye se releva avec l’appui des rois de France après les guerres de religion. Grâce à des dons, notamment pour la reconstruction du cloître, cet édifice arbore aujourd’hui une architecture gothique qui continue de captiver les visiteurs. Le pèlerinage fut ravivé en 1644 grâce à un procès-verbal d’authenticité émis par l’évêque de Sarlat ! Hélas, la Révolution Française signa le déclin de la communauté monastique, et les moines disparurent au sein de l’abbaye. Elle devint alors communale, avant d’être cédée au département en 1839, et fut rapidement classée monument historique dès 1840. Cependant, en 1866, un nouvel espoir jaillit lorsque l’évêque de Périgueux redynamisa le pèlerinage, attirant foule de pèlerins venus observer, prier et se recueillir auprès du Saint Suaire. Le pèlerinage donna naissance à une économie florissante. Malheureusement, en 1934, un cataclysme bouleversant ébranla cette épopée. Un historien découvrit une inscription en coufique sur la relique, la reliant à un calife égyptien du XIe siècle. Ainsi, le Suaire vénéré depuis tant de siècles n’était pas celui que l’on croyait. L’évêque de Périgueux annula alors le pèlerinage de Cadouin, marquant la fin d’une belle histoire.
De nos jours, l’Abbaye de Cadouin est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1998, en raison de son rôle sur les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle. Elle demeure un joyau du passé, magnifiquement préservé et mis en valeur. L’église abbatiale s’offre aux visiteurs dans toute sa splendeur, tandis que le cloître, récemment restauré, est ouvert à la visite tout au long de l’année. De plus, les communs de l’abbaye ont été transformés en une auberge de jeunesse au charme tout à fait singulier. Ainsi, Cadouin, avec son Abbaye au destin si riche, continue d’éveiller en moi un sentiment d’admiration profonde pour le passé qui l’a forgée et les vestiges qui témoignent de son glorieux et étonnant parcours à travers les siècles.
Les principaux éléments architecturaux de l’Abbaye de Cadouin
- L’église abbatiale : C’est le bâtiment principal de l’abbaye, construit au XIIe siècle dans le style gothique. Elle est caractérisée par ses voûtes en croisée d’ogives, ses arcs-boutants et ses grandes fenêtres en ogive.
- Le cloître : Il s’agit d’une cour intérieure entourée de galeries voûtées. Le cloître de l’Abbaye de Cadouin est un exemple remarquable de l’architecture romane, avec ses colonnes sculptées et ses chapiteaux ornés.
- Le réfectoire : C’est la salle où les moines prenaient leurs repas. Il est généralement situé près du cloître et se distingue par sa grande taille et ses voûtes en pierre.
- Le dortoir : Il s’agit de la salle où les moines dormaient. À l’Abbaye de Cadouin, le dortoir est situé au-dessus du réfectoire et est accessible par un escalier.
- Les jardins : L’abbaye possède également des jardins qui étaient utilisés à la fois pour la culture de plantes médicinales et pour la contemplation spirituelle.
- Les fortifications : L’Abbaye de Cadouin était également fortifiée pour se protéger des attaques extérieures. On peut encore voir les vestiges des remparts et des tours de défense.
Ces éléments architecturaux témoignent de l’importance et de la richesse de l’Abbaye de Cadouin à l’époque médiévale. Aujourd’hui, ils font partie du patrimoine historique et culturel de la région.
Et si on vous racontait le pays en patois ?
Au cœur du Périgord, dans un charmant village aux ruelles pittoresques et aux maisons de pierre, vivait une joyeuse communauté de “Périgourdins”, fiers de leur patois et de leurs mots bien à eux. Le village était bercé par le rythme des saisons, et chaque journée apportait son lot de surprises et d’anecdotes. Un matin ensoleillé, les habitants du village se rassemblaient joyeusement sur la place centrale, impatients d’assister à la fête traditionnelle du “bouyricou”. Ce panier tressé en spirale, rempli de délicieuses “panouilles” cueillies dans les champs alentour, était le symbole du début de l’été et des récoltes abondantes à venir. Les enfants, les “drôlesses” et les “gouyassous”, gambadaient autour de la place, leurs rires résonnant comme une douce “rapiette” au milieu de la foule.
Soudain, un habitant du village, surnommé “le ronqueur”, apparut, avançant lentement, la mine endormie, comme s’il venait tout juste de “pèguer”. Il avait passé une nuit agitée, victime d’un rêve farfelu où il tentait de “casser trois pattes à un canard”, une tâche aussi difficile que de chercher un “careyrou” perdu dans les méandres du village. À l’ombre du “cantou”, les villageois se réunirent pour partager un repas convivial. Ils se racontèrent des histoires de leurs ancêtres, assis près du foyer où crépitait le “peyrol”, ce grand chaudron en fonte qui avait vu défiler tant de recettes succulentes à base de canard et d’oies. Pendant ce temps, “la cagna” s’installa doucement, apportant une chaleur étouffante sur le village. Mais rien ne pouvait éteindre l’enthousiasme des habitants, car ils étaient tous de grands “bafailleurs”, aimant se raconter des histoires et deviser autour d’un bon repas. Soudain, une vieille femme, connue pour être une vraie “bafaille”, prit la parole pour raconter une légende du village, une histoire de trésors cachés dans le vieux “cantou”. Les enfants écoutaient avec émerveillement, certains chuchotant entre eux pour ne pas manquer une miette de cette histoire passionnante.
Les journées s’écoulaient ainsi, entre les rires des enfants qui “roumaient” dans les ruelles du village, et les doux murmures du patois Périgourdin, qui enveloppaient chaque moment de la vie quotidienne. Et ainsi, le village du Périgord, avec son patois bien à lui, continuait de vivre au rythme des saisons, tissant les liens précieux qui unissaient les habitants, fiers de leur identité, et préservant jalousement leurs traditions séculaires.