Je me tiens devant la Porte des Tours, cette entrée majestueuse de la bastide de Domme qui s’impose à mon regard, non pas par sa seule stature, mais par le poids des siècles qu’elle a vus passer. Le soleil du matin caresse les pierres anciennes, illuminant des tours qui s’élancent vers le ciel, rondes et fières, avec leurs 8,50 mètres de diamètre qui défient le temps. Je franchis le seuil, et l’air semble se figer, chargé d’une histoire dense et tumultueuse. Ici, les Templiers ont foulé ces mêmes pavés, des hommes en armure porteurs de secrets perdus et de trésors inimaginables. Enfermés entre ces murs, ils ont gravé leurs graffitis, cris muets sur la pierre froide, échos d’une foi qui fut leur perte. Je ressens le poids des chaînes, l’ombre des geôliers qui arpentaient cette chambre des gardes. Je perçois les murmures des prières et des complots, les pas feutrés des conspirateurs ou des fidèles. L’histoire s’infiltre en moi, insidieuse, elle s’empare de mes pensées. Les archères, étroites et menaçantes, me rappellent que ce lieu fut conçu pour la guerre, pour l’attaque et la défense, un entre-deux où la vie et la mort se côtoyaient quotidiennement. Les assommoirs, vestiges de violences antiques, me parlent de stratagèmes oubliés et de sièges endurés. Je m’attarde devant les graffitis, ces fragments de destinées gravés dans la roche. Leurs auteurs restent un mystère, tout comme leurs pensées au moment où ils traçaient ces lignes. Étaient-ils emplis d’espoir ou de désespoir, de foi ou de doute? Je sens leur présence autour de moi, comme si, d’une certaine manière, ils n’avaient jamais vraiment quitté ces lieux. En quittant la Porte des Tours, je laisse derrière moi l’empreinte d’une époque révolue et pourtant si présente. Il y a dans l’air le souffle de ces vies passées, et dans le silence du matin, j’emporte avec moi le souvenir de ces âmes templières, gardiens éternels de la bastide de Domme.
Une photo de l’époque : les templiers en plein travail de grafiti