Au cœur de l’été 2023, alors que la chaleur bat son plein, Marillys Macé, directrice générale du Centre d’information sur l’eau, prend place devant le micro de Franceinfo, son visage reflétant une gravité inhabituelle. Elle semble porter sur ses épaules un poids colossal. « Il n’y a pas de quoi être optimiste », commence-t-elle, une sentence qui annonce la couleur de l’entretien.
Dehors, le soleil brûle le bitume. La France est dans une lutte silencieuse mais vitale contre la sécheresse. Cinquante-cinq départements se retrouvent sous le joug d’arrêtés préfectoraux de restriction d’eau. Pire encore, vingt d’entre eux sont en état de crise. L’urgence est palpable. Les gouttes d’eau se raréfient comme des pièces d’or en temps de crise économique.
En regardant l’avenir, les experts ne voient pas de scénario plus réjouissant. Ils estiment, après moult simulations, que dans un demi-siècle, les débits des cours d’eau pourraient chuter de 10 à 40 %. Un fleuve à demi plein aujourd’hui pourrait n’être demain qu’un ruisseau famélique.
« Il y a des innovations qui existent pour recharger les nappes phréatiques, par exemple avec des eaux usées traitées », affirme Marillys. L’espoir naît dans l’ombre de la technologie. L’eau, autrefois rejetée comme déchet, pourrait devenir le phénix de la sécheresse, renaissant de ses propres cendres pour irriguer à nouveau nos terres.
Pourtant, la technologie n’est pas une solution miracle. L’avenir de nos ressources en eau ne dépend pas uniquement de machines et de scientifiques. Le visage de Marillys s’assombrit légèrement en ajoutant : « Il y a des solutions tout simplement de sobriété, de trouver les moyens de moins utiliser d’eau. Cela passe par tous les gestes du quotidien. Tout le monde est concerné. »
C’est un appel solennel à la responsabilité collective. Marillys sait que chaque goutte compte, que chaque lavage de main, chaque douche, chaque arrosage de jardin contribue à la crise. Chacun d’entre nous détient une partie de la solution dans les gestes les plus banals. Car derrière chaque robinet, se cache une rivière. Derrière chaque chasse d’eau, un lac.
Cette matinée chez Franceinfo est un cri du coeur, un appel à l’action. Malgré le poids des mots et le soleil implacable à l’extérieur, une étrange sensation de défi naît dans le studio, dans le regard déterminé de Marillys. Même si « Il n’y a pas de quoi être optimiste », on sent qu’il reste un espoir, celui de pouvoir changer le cours des choses, goutte par goutte.