Double joie culturelle, que nous donnent l’architecture et l’ambiance médiévale de la maison d’Etienne de la Boétie, et le contenu philosophique et politique de sa pensée.

Voici l’œuvre qu’il a écrite  lorsqu’il avait16 ou 18 ans ! Une telle érudition, une telle profondeur, sont stupéfiants. Et Montaigne, son grand ami (parce que c’était lui, parce que c’était moi) ne s’y est pas trompé, bien qu’il n’ait pas souhaité l’inclure dans ses essais. La thèse est radicale, complètement nouvelle : la servitude n’est pas imposée par la force mais volontaire.

 

Vous pouvez télécharger le livre, ou le feuilleter en ligne

Pour La Boétie la servitude n’est pas une simple privation de liberté : elle procède d’un choix. La liberté se refuse à elle-même. La conclusion de La Boétie est tout aussi subversive : 

« Soyez donc résolus à ne plus servir et vous serez libres ».

Ce n’est donc pas une théorie de la subversion, mais plutôt du lâcher prise. Et quelles sont les nouvelles formes que prend aujourd’hui la servitude volontaire ? De nouvelles formes parce que nous ne sommes plus dans le même monde… Nous sommes dans un monde globalisé, où les distances sont abolies, dans un monde numérique de dématérialisation de la domination, dans un monde où la démocratie se retrécit… Voilà ce que j’ai dit à Chat GPT des nouvelles formes de la servitude volontaire… Que va-t-il répondre :

La Boétie, dans son “Discours de la servitude volontaire”, soutenait que les individus acceptent souvent la domination et l’autorité par choix plutôt que par contrainte. Cette idée est toujours pertinente aujourd’hui, même si les formes de servitude volontaire ont évolué dans notre monde globalisé et numérique. Voici quelques nouvelles formes de servitude volontaire :

  1. Addiction aux réseaux sociaux : Les réseaux sociaux sont devenus une partie intégrante de notre vie quotidienne. Beaucoup d’individus passent des heures chaque jour à consulter, partager et interagir sur ces plateformes, sacrifiant ainsi leur temps, leur intimité et leur bien-être mental.

  2. Surveillance et violation de la vie privée : Dans notre monde numérique, de nombreuses personnes acceptent volontairement de sacrifier leur vie privée en échange de services gratuits et pratiques offerts par les entreprises technologiques. Nous donnons accès à nos données personnelles sans nous interroger sur la manière dont elles pourraient être utilisées ou exploitées.

  3. Consommation compulsive : La culture de la consommation encourage les individus à acheter sans cesse de nouveaux produits et à rechercher la satisfaction matérielle. Cette forme de servitude volontaire est alimentée par le marketing et la publicité, qui nous incitent à croire que nous avons besoin de toujours plus pour être heureux.

  4. Endettement : De nombreuses personnes s’endettent volontairement pour financer un style de vie qu’elles ne peuvent pas se permettre. Cette dette peut les obliger à travailler de longues heures et à renoncer à leur liberté personnelle pour rembourser leurs dettes.

  5. Travail aliénant : Certaines personnes acceptent des emplois qui ne les épanouissent pas, dans lesquels elles sacrifient leur temps et leur énergie pour gagner de l’argent. Cette forme de servitude volontaire peut engendrer du stress, de la frustration et un sentiment d’impuissance.

  6. Passivité politique : Dans un monde où la démocratie est de plus en plus menacée, de nombreuses personnes choisissent de rester passives et de ne pas s’engager dans la vie politique. Cette passivité permet à des leaders autoritaires ou à des politiques antidémocratiques de s’installer et de se maintenir au pouvoir.

Ces formes modernes de servitude volontaire montrent que, malgré les changements technologiques et sociétaux, les idées de La Boétie restent pertinentes. Pour lutter contre ces formes de servitude, il est important de prendre conscience de ces mécanismes et de chercher à se libérer de ces entraves à notre liberté.

 

Le destin du Discours de la servitude volontaire
Une histoire passionnante, par Anne-Marie Cocula, qui est une grande spécialiste

 

Suivons l’Office du Tourisme de Sarlat, qui nous fait visiter la ville sur Facebook.
La première vidéo publiée est évidemment réservée à Etienne de La Boétie. Devant sa maison notre guide conférencière nous présente l’édifice, construit par le père d’Etienne de la Boétie, et les idées de ce génie qui, à 7 ans, maîtrise, français grec et latin. Bien sûr elle nous parle du fameux « Discours de la servitude volontaire », et son origine dans une ouverture aux idées de la Renaissance, à un humanisme qu’il exprime d’une façon inattendue… et tellement actuelle… Lisz le livre : il est en accès libre ici ! Son vous trouble peut-être… Perdons nous volontairement la liberté, et jusqu’à la souvenance de la liberté ?

Bien sûr, notre guide sarladaise rappelle l’amitié de La Boétie avec Michel de Montaigne à Bordeaux. Mais cette belle demeure du centre médiéval de Sarlat offre une autre occasion de connaissance : savez-vous d’où vient l’expression « trier sur le volet » ?

Mais savez-vous surtout que La Boétie était aussi un poète,  un Troubadour ?

C’est faict, mon coeur, quitons la liberté

C’est fait mon cœur, quittons la liberté.
De quoi me huy servirait la défense,
Que d’agrandir et la peine et l’offense ?
Plus ne suis fort, ainsi que j’ai été.

La raison fut un temps de mon côté,
Or révoltée elle veut que je pense
Qu’il faut servir, et prendre en récompense
Qu’onc d’un tel nœud nul ne fut arrêté.

S’il se faut rendre, alors il est saison,
Quand on n’a plus devers soi la raison.
Je vois qu’amour, sans que je le déserve,

Sans aucun droit, se vient saisir de moi ?
Et vois qu’encore il faut à ce grand Roi
Quand il a tort, que la raison lui serve.

 Ce texte provenant de son recueil, Vingt et neuf sonnets, ne serait-il pas un poème satirique qui constitue en fait une exhortation à la liberté ?

Écoutez la bien connue des Bordelais Anne-Marie Cocula-Vaillières (2010 : Histoire de Bordeaux, 2010, Toulouse, Le Pérégrinateur éditeur et 2018 : Étienne de La Boétie et le destin du Discours de la servitude volontaire, Paris, Éditions Classiques Garnier) :

Etienne de La Boétie et le destin du Discours de la servitude volontaire, et d’abord la situation de l’Aquitaine au 16ème siècle.